lundi 18 mai 2009

Le miroir

Au centre de ma maison, un miroir,
derrière de lourdes tentures vertes.
Je les soulève, me regarde.
C'est un miroir affolant,
qui semble trop profond pour être fidèle.
Soudain, un bruit grinçant me fait sursauter,
je ne vois plus mon image,
le miroir s'ouvre comme une porte.
Je m'avance, surprise, surmontant ma frayeur.
J'avance vers l'ouverture, jette un oeil à l'intérieur.
C'est une pièce minuscule et ronde, peinte en rouge,
et dont les murs suintants vibrent constamment
en vagues vivantes.
Je me penche, manque de tomber, m'agrippe au miroir.
Il n'y a pas de plancher mais un trou
dont je ne vois pas le fond,
un trou qui s'enfonce dans la rougeur profonde
comme une artère dans le corps.
Je lève les yeux, qu'y a-t-il plus haut?
Un chemin rouge qui s'élargit, s'élargit,
devient de plus en plus brillant,
le rouge devient orangé, et enfin une lueur très vive,
fascinante mais trop brillante, brûlante,
mes yeux se ferment sous le choc.
Je referme la porte-miroir et les lourds rideaux.
Peut-être qu'un jour j'y retournerai,
avec des lunettes fumées.

Michelle
9 octobre 1985

1 commentaire:

  1. Fascinante cette ouverture dans le miroir ! J'irais bien, outillé comme un spéléologue ! ;-) ■ paumier.

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